Une affaire de nègres

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Le 20 février 2000, le Cameroun instaure une loi martiale contre le grand banditisme et crée une unité spéciale des forces de l’ordre baptisée Commandement opérationnel. Cet escadron de la mort sévit pendant un an, tuant 1 600 personnes, sur délation. Un numéro vert est mis à disposition des Camerounais, désireux d’en finir avec le climat d’insécurité qui règne dans leur pays, et principalement dans la capitale économique, Douala. Ainsi, de nombreux citoyens dénoncent leur voisin par jalousie, conflit d’intérêt ou simple soupçon, sans forcément mesurer la portée de leur appel. Car cette unité ne fait pas dans le détail, et peu des hommes ou adolescents raflés reviendront de captivité. Les crimes seront dénoncés tardivement, notamment avec l’affaire des neuf disparus de Bépanda. Osvalde Lewat rencontre des familles de victimes, un avocat, de rares rescapés, des journalistes, des bourreaux, des hommes politiques. Se dégagent des témoignages recueillis une grande douleur, une volonté de dénonciation contre l’impunité, une grande peur aussi. Et c’est là toute l’ambigüité de cette tragédie : 99% de la population voterait encore aujourd’hui pour un retour du Commandement opérationnel.